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Y a Rien Ici !

 

En janvier 2018, RC effectue un premier séjour dans la province de Guelmin, sud marocain, début du désert du Sahara… Il traverse les oasis de Tighmert, El Borj, Taidalt, Fask…des lieux indécis aux charmes discrets , hors du temps, où l’on se sent de suite bien, propices au ressourcement, à la rêverie, au plaisir de la rencontre et à l’échange autour de valeurs souvent oubliées dans notre société. Séduit, il y retourne en 2020.

 

“ Y a Rien Ici, ! ». est l’observation lucide formulée par un jeune guide local. Sous cette réflexion, on perçoit à demi-mot une fragilité qui débouche sur le dilemme universel du « ici ou Ailleurs? Rester ou Partir ?…

Affirmer durablement  son identité dans ce No man’s land  s’apparente soit à une acceptation marquée de sagesse, soit à un sentiment d’isolement difficilement supportable, avec dans cet état d’esprit-là, l’ivresse de l’ exil, rébellion hasardeuse vers des lendemains incertains. “Come, come, come, let us leave…Let us leave the town"

 

RC nous entraîne dans un récit épuré qui s’affirme dans sa plus simple expression, l’intériorité.

On suit, avec lui, le cours sédentaire des choses.  On tâtonne du regard à travers des plans larges, des paysages figés dans le silence, où l’oeil se focalise, ça et là, sur quelques détails, des objets abandonnés que l’on regarde avec sympathie comme des oeuvres d’art involontaires, ou des reliques façonnées par le temps…

Ce « Y a Rien Ici, ! » le poursuit, le titille. Par défiance malicieuse, il toise ce trouble-fête du regard et honore la part visible des choses, la beauté des scènes qu’il nous restitue dans leurs jus, mais aussi celle moins perceptible, la dignité et la bienveillance dans l’air entre les êtres…ce Tout Essentiel à ses yeux…

 

Il nuance,

Ici, le voyageur, libre de toute entrave, côtoie l’insoupçonnable légèreté d’être.

      la vie se limite à de modestes rituels dont on savoure toutes les nuances…

     …tout s’harmonise selon des règles dictées par le temps et le hasard, merveilleux fruit d’un destin ignoré.

 Ici, on s’y fait mais pas comme à la ville. Passé un certain degré de persévérance, la vie parfois se réveille…     

      …les angoisses s’estompent, les cicatrices s’effacent.

Ici, toutes les manières de voir et sentir le monde sont bonnes, à fortiori, si l’on en fait bon usage, qu’on en reparle

      volontiers autour d ’un thé… On ne néglige rien de ce qui aide à vivre, c’est sans chichis.

      Le partage, l’humilité, la simplicité vaccinent.

Ici, adosser à un arbre, on respire, on s’imprègne…on s’enracine…

 

Ici, les radios portables diffusent des mélodies d’ailleurs qui trouvent, soudain, un écho tout particulier…

       …la musique déplace les frontières.

 

He's a real nowhere man…Sitting in his nowhere land… Making all his nowhere plans for nobody

Doesn't have a point of view… Knows not where he's going to… Isn't he a bit like you and me?

Nowhere man please listen… You don't know what you're missing… Nowhere man, the world is at your command

He's as blind as he can be… Just sees what he wants to see… Nowhere man, can you see me at all

Nowhere man don't worry… Take your time, don't hurry

Leave it all 'til somebody else… Lends you a hand

Ah, la, la, la, la… Doesn't have a point of view

Knows not where he's going to… Isn't he a bit like you and me?

Nowhere man please listen… You don't know what you're missing…

Nowhere man, The world is at your command… Ah, la, la, la, la

He's a real nowhere man… Sitting in his nowhere land

Making all his nowhere plans for nobody.

 

Ici, l’esprit pratique fait du “sur mesure”, rien ne se perd…

     Un rien occupe cette vie polyvalente, on touche à TOUT…et c’est peu de le dire !

 

Comme si, Ici, Tout était là…dans les interstices, en pointillé……

Comme si, derrière le dénuement, au-delà de ce point zéro de l’existence, il restait encore quelque  chose… 

Comme si l’écart entre l’autre et soi, entre le vide de l’existence et ses pleins, entre la solitude et la présence, avait fondu pour atteindre un équilibre harmonieux…un juste milieu !

 

Bienvenue au bled !

 

Voyager, oui…Cheminer, oui….Rêver, oui…c’est bien….pourvu qu’on en revienne…!

Texte de Nicolas Suk

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